Session Manresa (Kinshasa - Kimwenza), janvier 2002
(jb musumbi)
Une préoccupation m’habite depuis quelques années. Voici en quels termes je l’avais exprimée en janvier 2001 lors de la session de formation pour supérieur(e)s à Manresa.
En 1995, au cours d’une session au Congo-Kinshasa sur la vie consacrée, je me suis amusé en posant la question suivante à 40 religieux de plusieurs congrégations masculines: «S’il était possible de ressusciter quelques jours après ta mort, aimerais-tu vivre encore dans ta famille religieuse, changer de congrégation ou te marier et pourquoi?»
Les réponses reçues furent intéressantes: 15%: je vivrais dans ma congrégation parce que je l’aime beaucoup; 80%: j’aimerais changer de congrégation parce que mes supérieurs exagèrent, ils se comportent souvent en dictateurs; 5%: j’aimerais me marier pour faire l’autre expérience complémentaire de la vie.
Une année plus tard, j’ai cherché à obtenir la réaction féminine sur la même question. 30 professes de plusieurs congrégations m’ont répondu de la manière suivante: 20%: je vivrais dans ma congrégation parce que le Seigneur m’aime et j’aime ma congrégation; 70%: j’aimerais changer de congrégation parce que mes supérieures exagèrent, elles regardent trop les détails inutiles; 10%: j’aimerais faire l’expérience du mariage pour prouver que je n’ai pas fui le mariage; la vie religieuse étouffe mes talents.
Voici en synthèse le résultat de la petite enquête informelle: 17,5%: vivre dans la même famille religieuse; 75%: changer de congrégation, et 7,5%: se marier.
Sans être spécialiste en matière d’analyse statisticienne, je constate qu’il s’y dégage un malaise profond: le sentiment de non appartenance à l’Institut de vie consacrée chez bon nombre de religieux et religieuses! Ce sentiment pourrait s’expliquer, d’une part par l’ignorance des exigences de certains choix fondamentaux, en l’occurrence l’état religieux, et d’autre part par la légèreté avec laquelle les vocations sont discernées. Il se pose là un problème grave de formation à la vie consacrée.
En effet, la vie consacrée est fondamentalement une exigence de sainteté qui consiste à parfaire l’amour de Dieu et du prochain. «Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5:48). Jean-Paul II nous l’a rappelé avec force dans Vita Consecrata: «Tendre vers la sainteté, précise-t-il: voilà en bref le programme de vie consacrée, également dans la perspective de son renouveau au seuil du troisième millénair. Le point de départ de ce programme se trouve dans le fait de tout quitter pour le Christ» (n° 93).
Pour parvenir à cet idéal de sainteté, la communauté religieuse doit être conçue comme un mystère et un signe privilégié et permanent de communion ecclésiale. Or, beaucoup vont vers la vie consacrée ou vivent en communauté sans «connaissance suffisante et normale» de ce qu’ils ont choisi, pour reprendre l’expression de Boisvert dans Le célibat religieux[1]. Une telle ignorance n’aurait le seul mérite que de cultiver l’ambiguïté de la vie consacrée en fournissant à l’église des hommes et des femmes aux apparences religieuses, des personnes vidées du sens de responsabilité personnelle, bref des personnes consacrées inauthentiques.
Mon humble partage sur «un choix libre et responsable de la vie consacrée» se veut être un approfondissement de la réflexion déjà amorcée dans les plaquettes Religieux africain de l’an 2000 et Aspirant(e)s à la vie religieuse (Baobab 1994, 1995), relative à la motivation vocationnelle. Je le développerai en deux articulations:
Pourquoi devient-on religieux, religieuse, personne consacrée? Pour tenter de cerner la réponse à la question, je m’inspirerai de la conclusion de «Vita Consecrata». S’adressant tout d’abord aux jeunes, le Souverain pontife écrit:
«Entretenez en vous les aspirations typiques de votre âge, mais adhérez sans tarder au projet de Dieu sur vous, s’il vous invite à chercher la sainteté dans la vie consacrée»(n° 106). Puis il rappelle aux personnes consacrées: «Les jeunes ne se laissent pas tromper: venant à vous, ils veulent voir ce qu’ils ne voient pas ailleurs. Vous avez une responsabilité immense pour demain… (n° 109).
Les personnes consacrées sont-elles conscientes de cette responsabilité partagée? Et pourquoi certains jeunes en recherche de vocation frappent-ils à la fois à la porte de plusieurs Instituts? Les religieux comprennent-ils suffisamment ce pourquoi ils sont entrés en religion? Autant de questions qu’on peut se poser et qu’on se pose effectivement aujourd’hui.
Par essence, «consacrer» (rendu sacré, saint, oint) est un acte réservé à Dieu et à sa libre initiative. Dieu appelle et met à part une personne ou un groupe de son choix. Ainsi, établi dans une relation privilégiée, l’homme s’efforce désormais pour Celui à qui il appartient. De fait, au fond de la notion de consécration se trouve celle d’appartenance stricte à Dieu en vue de son service d’amour[2]. Voilà pourquoi Vatican II, dans la constitution dogmatique Lumen Gentium utilise le terme consécration dans le sens constant de «donation intégrale de soi». Dans ce sens, tous sont consacrés.
La consécration religieuse, quant à elle, exige une vie réellement consacrée dans la liberté et l’amour intense en acte et en vérité. 'A l’image de Jésus, Fils bien-aimé «que le Père a consacré et envoyé dans le monde» (Jean 10:36), ceux que Dieu appelle à sa suite sont eux aussi consacrés et envoyés dans le monde pour imiter son exemple et poursuivre sa mission' (Vita Consecrata 72). Aussi la consécration est-elle vécue comme une sequela christi qui s’exprime en un triple amour: suivre le Christ chaste, pauvre et obéissant.
Par ce dépouillement, la personne consacrée a tout donné au Seigneur à qui elle appartient. Jean-Paul II nous le rappelle vivement: «Vous savez en qui vous avez mis votre foi (cf. 2 Tm 1,12): donnez-lui tout!» (VC 109). Le «tout» signifie que la personne consacrée ne dispose plus de sa vie comme elle le veut. En d’autres termes, comme dit Cantalamessa, «nous ne nous appartenons plus, nous appartenons au Seigneur; c’est pourquoi nous ne pouvons plus disposer de notre corps selon notre bon vouloir, pour une satisfaction qui est une fin en soi. Cela est une profanation du temple de Dieu, c’est une «désacralisation», le contraire exact de la consécration».
La consécration comme vie exige une vie réellement consacrée dans la liberté et l’amour intense en acte et en vérité. Il faut par conséquent la vivre en toute fidélité. Le père Matungulu l’a bien compris quand il définit la vocation religieuse comme «charisme de la personne qui a été séduite et saisie par l’Evangile au point de lui consacrer le tout de sa vie dans un institut reconnu et approuvé par l’Eglise.»[3] Bref, la grandeur de la consécration, c’est qu’elle est une expression de foi, d’espérance, d’amour et de liberté.
Une telle consécration ne pourrait se réaliser que quand l’appelé demeure associé à l’appartenance totale que le Christ ne cesse de reconnaître face à son Père[4]. Ceci implique nécessairement un engagement apostolique dans l’Eglise. De fait, la consécration n’est jamais une fin en soi. On est toujours consacré pour quelque chose, dans un but. Dieu ne consacre que pour sa mission. Or, la mission, «avant de se caractériser par les œuvres extérieures, consiste à rendre présent au monde le Christ lui-même par le témoignage personnel», précise Vita Consecrata au numéro 72.
C’est donc un appel à être témoin du Règne[5], lequel devrait se réaliser d’abord au sein de sa propre communauté avant de prétendre l’étendre ailleurs. Mais comment répondre à cette mission quand la personne consacrée se comporte malheureusement en «locataire» dans la congrégation à laquelle elle appartient pourtant de plein droit, ou quand elle ignore ce pourquoi elle est entrée en religion?
En m’adressant en 1984 à une jeune fille de 15 ans qui me confiait timidement non seulement son rêve de devenir religieuse, mais aussi ses hésitations et son embarras quant au choix de la congrégation, puisqu’il y a tant de congrégations, j’ai voulu proposer une dynamique de vérification motivationnelle à l’intention des aspirants et aspirantes à la vie consacrée[6].
Certes, nombreuses sont les familles religieuses qui, soucieuses de leur survie, ouvrent les portes aux jeunes désireux de les connaître et de partager leur esprit de vie ou leur charisme. Ne devraient y être admis que ceux et celles qui sont jugés dignes, après avoir suffisamment pris connaissance des exigences qu’impose tel genre de vie, et après un temps raisonnable d’accompagnement, qui consiste à vérifier les motivations conformément aux normes générales de l’Eglise et aux directives particulières de chaque congrégation.
Pour aider la jeune fille à se décider en toute liberté responsable, je me suis référé à la pensée de saint Eugène de Mazenod. En cette matière combien délicate, son optique est simple: «Recevez donc tous ceux que le bon Dieu nous envoie. Cela ne veut pas dire que vous les receviez sans examen. Au contraire appliquez-vous à bien discerner les motifs qui les amènent, à peser leurs vertus et à juger de la suffisance de leur talent.»
Tout commencerait donc par la considération des motifs du projet religieux. «Les vrais religieux ne passent jamais à l’action sans considérer les motifs qui les poussent à agir, les conséquences qui peuvent découler de leur action, les coûts qui peuvent en résulter et la contribution qu’elle peut apporter dans l’avènement du Royaume de Dieu»[7], souligne Shittister dans Le feu sous les cendres.
Le candidat devrait correspondre à l’esprit de la congrégation à laquelle il veut adhérer de tout son cœur. C’est la vérification de la fameuse triade mystique: la gloire de Dieu, le service de l’Eglise et le salut des âmes. L’aspirant doit répondre effectivement à l’appel divin. Cela sous-entend des dispositions qui attestent l’existence de la vocation divine chez le candidat et sa correspondance à l’esprit de la congrégation. J’en retiens quatre, notamment: l’appel qui vient de Dieu, la volonté droite, l’attachement à Jésus-Christ et le désir de devenir «franchement saint.»
Le père Hostie est beaucoup plus explicite.
Quand un candidat se présente, les fruits spirituels sont tout au plus une promesse des fleurs. On aura donc avant tout à examiner l’authenticité de ses aspirations. C’est là que s’amorce l’examen des motivations… La vérification porte donc sur les motifs concrètement avancés par le candidat. Elle se propose de reconnaître si oui ou non ils procèdent réellement d’un amour radical de Dieu.[9]
Pour Hostie, trois sortes de motivations seront attentivement considérées.
Bref, «l’examen de la motivation se ramène à la vérification d’une seule constante. De tout temps l’Eglise a tenu que seul l’amour total et le service exclusif de Dieu fonde toute vocation.»[10] Telle est la motivation traditionnelle de la vie consacrée, une motivation théologale.
En effet, des théologiens justement appréciés mettent l’accent sur les motivations proprement théologales de la vie religieuse. Ainsi Dom Miquel, abbé de Ligugé: «La vie monastique chrétienne est fondée en premier lieu sur la sequela Christi et l’imitatio Christi. C’est le Christ que suit et poursuit le moine, et c’est la vie du Christ pauvre, humble, chaste, obéissant, silencieux, caché, qu’il cherche à imiter.»[11] J.M.R. Tillard écrit dans la même veine: «L’attention à Dieu, l’enthousiasme (réaliste, mûr, en rien juvénile) pour Jésus» doivent demeurer «comme arrière-fond de la vie et de l’action elle-même. Sans cela on en vient à durer dans les vœux, non plus à vivre de leur élan.»[12]
Dans ce sens, la signification des vœux ne saurait être ramenée à une disponibilité apostolique accrue.
Si vrai et si utile que soit la disponibilité procurée par les vœux dans le sens du service, elle n’épuise pas leur raison d’être fondamentale. Celle-ci est d’ordre théologal: ni pur exercice d’ascèse dans le but de se combattre soi-même, ni simple allégement pour mieux courir au service d’autrui, les vœux permettent à la personne de se donner totalement.[13]
Certes, la suite fidèle du Christ se résume dans le témoignage d’un triple amour:
Telles sont les motivations traditionnelles de la vie consacrée.
D’après Campanini, «la liberté humaine est la capacité de prendre position en face d’un appel de Dieu, mais seulement en vertu d’une participation à la liberté divine», «puisque la liberté de l’homme trouve sa source dans la liberté de Dieu.»[15] Dans ce sens, «l’obéissance sans liberté, écrit Bonhoeffer, est esclavage, la liberté sans obéissance est arbitraire.»[16] Il n’y a donc pas de contradiction entre l’obéissance et la liberté. «En effet, l’attitude du Fils révèle que le mystère de la liberté humaine est une voie d’obéissance à la volonté du Pèere et que le mystère de l’obéissance est une voie de conquête progressive de la vraie liberté» (VC 91).
Voici quels sont, selon Campanini, les fruits de la liberté chrétienne[17], ou mieux les fruits d’un choix libre et responsable de la vie consacrée:
L’épisode des disciples d’Emmaüs (Luc 24:13s), dans son double voyage aller et retour, me servira de source d’inspiration dans l’essai d’une dynamique de formation à la vie consacrée. Voici dix conditions de base pour un cheminement de vocation libre et responsable.
le saint, écrit Huxley, est un homme qui sait que chacun des instants de notre vie humaine est un instant de crise; car nous sommes appelés à tout instant à prendre une décision de toute importance – à choisir entre le chemin qui mène à la mort et aux ténèbres spirituelles, et le chemin qui mène à la lumière et à la vie; entre des intérêts exclusivement temporels et l’ordre éternel; entre notre volonté personnelle ou la volonté de quelque prolongement de notre personnalité, et la volonté de Dieu.[18]
Ainsi la crise est-elle le lieu par excellence du discernement, de la décision, et de la résurrection.
Telles sont les bases et les conditions indispensables d’un choix libre et responsable de la vie consacrée religieuse. Là se trouve le nœud de tous les problèmes de la vie communautaire. En effet, le sentiment de non appartenance pourrait s’expliquer d’une part, par le manque d’expérience spirituelle et de l’autre, par le manque d’une bonne pédagogie. Celle des salésiens de Don Bosco s’appuie sur un double levier:
Notre monde d’aujourd’hui apparaît comme un monde tiraillé, un monde de dispersion. Les gens semblent être sur un bateau sans destination! Bon nombre de religieux offrent aussi la même impression. Ils sont en quête du sens de la vie. D’où la nécessité de conversion réelle, le retournement vers Dieu (se donner au service de Dieu, se donner entièrement à sa perfection). C’est seulement lorsque nous mettons exclusivement notre confiance dans la parole de Jésus que nous pouvons guérir et devenir en même temps capables d’annoncer la Bonne Nouvelle aux autres.
Le virus qui ronge l’Eglise en général et la vie consacrée en particulier dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui me paraît provenir de trois causes essentielles:
Pour nous aider mutuellement à bousculer nos vies et nos habitudes, ou mieux à plus de fidélité à notre consécration, je propose trois «antivirus spirituels».
La prière continue tant personnelle que communautaire libère de tout ce qui dérange ou trouble. Elle ne dispense pas de la lutte ou du combat mais elle maintient dans la paix la plus profonde. Tu seras donc libre du péché et de ce qui dérange ta vie, si tu pries sans interruption. La prière doit etre fondée sur la foi pour porter des fruits. Celle dite avec conviction te rapproche de la fidélité de Dieu et te permet de découvrir son intervention fidèle et libératrice dans les moments difficiles de la vie.
Pour ce, évitons le formalisme dans la prière, le faire plaisir aux hommes plutôt qu’à Dieu. Chaque membre de communauté devrait faire l’expérience de Dieu pour être capable de dire, comme saint Jean: «Ce que nous avons vu de nos yeux, entendu de nos oreilles, touché de nos mains… nous vous l’annonçons» (1 Jean 1:1-3).
L’homme peut être aveuglé par bien des choses quand Dieu ne lui suffit plus. Quand Lui le soleil ne suffit plus à m’éclairer, je dois trouver ce qui m’empêche d’admirer sa beauté pour m’en débarrasser courageusement. La vigilance m’aidera à comprendre ce pourquoi je dois couper ce qui menace ma vertu de fidélité au Seigneur! Je dois éviter de compter sur des vertus frivoles qui alimentent l’orgueil.
Chacun devrait aimer sa communauté même si elle n’est pas parfaite car Dieu t’aime telle que tu es et veut que tu grandisses et tendes vers la sainteté. Un des symptômes que les choses ne vont pas bien en toi, c’est le fait de ne pas affectionner ta communauté. Contribue plutôt à en faire devenir un lieu de rapports humains authentiques, de relations vraies. Cela suppose au préalable la connaissance de soi et de l’autre, l’acceptation de soi et de l’autre, l’actuation de soi et de l’autre. Fais-en un lieu d’accueil mutuel, bref du pardon et de la fête, pour reprendre l’expression de Jean Vanier. Que des vocations ont été soutenues et aidées par une bonne communauté où règne la sincérité des rapports entre les membres!
Nombreux sont malheureusement celles et ceux qui vont vers la vie religieuse avec une conception erronée de la communauté. Voici quelques causes d’illusion et quelques problèmes majeurs.
D’après Jean Vanier, les Africains «n’ont pas besoin de parler de la communauté, ils la vivent intensément.»[19] Je voudrais quant à moi, parler ici de la communauté chrétienne religieuse, «lieu privilégié de l’affrontement de l’autre en tant que ‘autre’, dans sa différence et dans sa spontanéité, capable de me mettre en question et de me révéler à moi-même en me promouvant»[20] Parmi les personnes qui y entrent enthousiastes, certaines découvrent très tôt les illusions dues à une conception erronée de la communauté. Quelques causes d’illusion méritent d’être mentionnées pour bien cerner le sentiment de non appartenance.
Trois problèmes troublent également la plupart des communautés religieuses.
Autant d’éléments qui expliqueraient l’immaturité humaine qui, malheureusement, caractérise la plupart des religieux et religieuses d’aujourd’hui. Par conséquent, les maisons de formation notamment les noviciats devraient faire en sorte que cette étape soit réellement une initiation à la vie consacrée afin de fournir à l’Eglise des personnes consacrées libres et motivées, adultes et responsables.
Pour ce, on évitera à en faire des instituts supérieurs par la multiplicité des cours parfois stériles et des sessions d’inter-noviciats qui créent la dispersion, le manque de concentration. Les maîtres et les maîtresses des novices devraient suffisamment prendre le temps de discerner les vrais signes de maturité spirituelle. Voici quelques-unes des caractéristiques:
Voilà pourquoi il est plus qu’urgent, à l’âge de la mondialisation, de revoir le contenu de nos programmes de formation ou de «re-fonder» la vie consacrée. Comment aider les jeunes à aimer leur communauté? à opérer un choix libre et responsable de la vie consacrée? Rien de plus destructif que d’admettre quelqu’un aux vœux perpétuels malgré son hésitation à faire le pas. Ceux et celles qui ont le pouvoir de décider devraient s’éloigner un peu plus du cercle de médiocrité qu’on appelle «tribalisme ou racisme».
C’est un constat de première évidence. Notre société a certainement besoin de personnes consacrées «sincères, exigeantes envers elles-mêmes, capables de se constituer en signes purs et forts». Notre société voudrait surtout voir des religieux, des religieuses respectueux et généreux, capables d’accueillir l’autre dans sa liberté et sa différence, bref des hommes et des femmes aimées de Dieu et converties. «A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples: à l’amour que vous aurez les uns pour les autres» (Jn 13, 35).
Notes:
[2] Cf. CANTALAMESSA R., La sobre ivresse de l’Esprit, t.1, Paris, Desclée de Brouwer, 1995, p. 85-101.
[3] MATUNGULU O., «Problème des vœux en Afrique», in Le charisme de la vie consacrée, Xve semaine théologique de Kinshasa, FCK, 1985, p. 49.
[4] Cf. de CANDIDO L., «Vie consacrée», in Dictionnaire de Vie spirituelle, Paris, Cerf, 1987, p. 1160-1161.
[5] Pour détails, voir MUSUMBI J.B., «Vie consacrée, mission avant tout spirituelle», in Revue de spiritualité africaine, 5 (1999), p. 38-55.
[6] Cf. MUSUMBI J.B., Aspirant(e)s à la vie religieuses. Sur les traces d’Eugène de Mazenod, Kinshasa, Baobab, 1994.
[7] CHITTISTER J., Le feu sous les cendres. Une spiritualité pour la vie religieuse contemporaine, Québec, Bellarmin, 1998, p. 113.
[8] Cf. Lumen Gentium, 40.
[9] HOSTIE R., Le discernement des vocations, p. 78s.
[10] HOSTIE R., Op. Cit.
[11] Etre moine (Coll. «Semeurs»), Paris, Cerf, 1982, 43.
[12] Dans le monde, pas du monde. La «vie religieuse apostolique», Bruxelles, Lumen Vitae, 1981, 17-19.
[13] Ibid., p. 20.
[14] Cf. MUSUMBI J.B., Religieux africain de l’an 2000, op. cit., p. 15-20.
[15] CAMPANINI Giorgio, «Liberté chrétienne», in DVSp, p. 624.
[16] BONHOEFFER D., Ethique, Genève, Labor et Fides, 1965, p. 206. Cité par Jean-Guy Saint-Arnaud, Quitte ton pays. L’aventure de la vie spirituelle, p. 111.
[17] Op. cit., p. 631.
[18] Citation de SAINT-ARNAUD Jean-Guy, Quitte ton pays. L’aventure de la vie spirituelle, p. 101-102.
[19] VANIER J., La communauté, lieu du pardon et de la fête, Paris, Fleurus, 1979, p. 7.
[20] VATA Diambanza, La communauté, lieu de l’accueil mutuel. Vivre en communautés missionnaires apostoliques, Kinshasa, Saint Paul Afrique, 1991, p. 7.
[21] VANIER J., Op. Cit., p. 11.
[22] ZAVALLONI R., «Maturité spirituelle», in DVSp., Paris, Cerf, 1987, p. 666.